Cultiver dans une serre enterrée : cultiver toute l’année
La serre est un biotope artificiel que l’on construit pour la culture des plantes. On l’utilise depuis toujours pour protéger les plantes non agrestes et favoriser la croissance de toutes sortes de cultures (fleurs, légumes, etc.). En effet, elle consiste à créer des conditions climatiques plus favorables que le climat local. La serre enterrée est une technique qui permet de cultiver des plantes toute l’année sans être soumis au climat des saisons. Inspirée du modèle bolivien, elle est utilisée par les spécialistes pour réaliser des cultures hors saisons. Avec les conseils des pros du jardin, il est possible de réaliser cette technique pour faire pousser les légumes toute l’année dans son jardin.
La serre enterrée
La serre enterrée est une pratique qui nous vient de la culture de certains indiens d’Amérique du sud. Nommée « Walipini » qui signifie « lieu chaleureux », cette technique rudimentaire a toujours été pratiquée par ces habitants des régions montagneuses de la Bolivie. Ce système repose fondamentalement sur le principe de la serre souterraine. Grâce à cette serre, les agriculteurs et les jardiniers peuvent prolonger la période de production de leur potager. On peut ainsi appliquer les activités de jardinage dans la serre et y cultiver toutes sortes de plantes. La serre enterrée s’est également développée dans d’autres régions dotées d’un climat froid tel que la Mongolie. La construction d’une serre enterrée permet de cultiver des légumes et d’en récolter pendant toutes les saisons, et de cultiver des plantes tropicales, et cela sans utiliser un système de chauffage.
La structure de la serre enterrée
La construction de la serre enterrée requiert peu de matériaux. Elle est principalement composée :
- D’un trou de forme rectangulaire assez profond pour obtenir une inertie thermique élevée pouvant lisser les variations de températures intérieures et extérieures, et entretenir une température pondérée comprise entre 10 et 12°C.
- D’un toit en bois doté d’un revêtement en plastique et transparent, afin de laisser les rayons du soleil illuminer et réchauffer l’intérieur de la serre pendant la journée.
Les différentes règles à respecter pour la mise en place d’une serre enterrée
Le principe de la serre enterrée est de pouvoir emmagasiner une quantité de chaleur dans le trou et conserver une certaine température. Pour la construction du dispositif, il faudra prendre en compte :
- L’exposition : aucun élément ne doit constituer un obstacle pour le passage des rayons de soleil vers le trou, notamment en hiver.
- La profondeur : le dispositif peut-être enterré de 2 à 2,5 mètres de profondeur.
- La position par rapport au soleil : l’une des longueurs du trou rectangulaire doit être orientée vers le sud.
- L’inclinaison du toit de la serre par rapport aux rayons solaires pendant le solstice d’hiver : les rayons doivent former un angle de 90° afin de maximiser la pénétration et de minimiser la réflexion. Par ailleurs, l’inclinaison du toit s’obtient en augmentant la hauteur du mur de la serre qui est exposé au nord.
Il est vrai que la luminosité de la serre enterrée est moins élevée que celle de la serre classique. Toutefois, la faible luminosité est compensée par l’inertie thermique de la serre souterraine.
Avec l’inclinaison du toit, une partie du mur nord de la serre est aérienne. Il faudra alors le renforcer par un remblai afin d’augmenter l’inertie thermique.
Les éléments incontournables de la serre enterrée
Pour garantir le bon fonctionnement de la serre, il vous faut assurer la présence de 4 éléments indispensables pendant la construction dont :
- Un toit transparent et isolant
- Une étanchéité sans faille : l’eau ne doit pas pouvoir s’infiltrer dans la serre, pour éviter le risque d’un effondrement
- Un drainage efficace : le sol de la serre doit être posé sur une couche particulièrement drainante
- Un système de ventilation fonctionnel : c’est un élément important pour le bon fonctionnement du dispositif, surtout en été.
Zoom sur La Walipini de Lionel PAILLARDIN
Lionel PAILLARDIN
Installé dans les Hautes-Alpes, Lionel est un bricoleur averti, une personne revenue aux sources il y a déjà bien longtemps. Comme témoin, son habitation autonome équipée de panneaux solaires, plusieurs éoliennes et turbine dans le ruisseau pour ce qui est de la production d’énergie.
Pour la production alimentaire, il s’est tourné vers la culture sous serre enterrée inspirée des Walipini. Cette technique lui permet d’améliorer le rendement et prolonger la période de production de son potager.
L’emplacement du Walipini (Serre enterrée)
Lionel a choisi un emplacement bien exposé déjà alimenté par le réseau d’eau. Le terrassement fût compliqué puisque le terrain est une gravière, les parois de la serre sont donc inclinées et la terre sortie du trou n’était pas utilisable en l’état. On le verra plus tard, mais il a compensé ce problème en montant des murs en paille.
Les marquages au sol
Le marquage ou traçage au sol lui permet de faire le travail de terrassement de manière sereine et précise.
Creuser le trou
Lionel a creusé un trou à au moins 3 mètres de profondeur. Il nous précise qu’il n’est pas obligatoire d’enterrer la serre aussi profond, 50 cm ou 1m est envisageable mais dans ce cas il faut l’isoler au maximum (terre, paille, autres..).
Ajout de bois pour HugelKultur
Il a tapissé le fond du trou d’au moins 50cm de bois pour une culture Autofertile selon les principes d’HugelKultur. En effet, en se décomposant le bois va apporter tout ce dont les plantes ont besoin pour se développer et pendant de nombreuses années.
Ajout de terreau sur le Bois
Lionel recouvre le bois de terreau pour reconstituer le biotope naturel de la terre.
Création des jardinières en carrés potager
Il a créé les espaces de culture pour accueillir les plantations.
Installation de microporeux pour protéger le bois
Le microporeux à l’intérieur des jardinières va permettre de protéger le bois du pourrissement en laissant l’air passer.
Ajout d’un substrat Riche
Lionel a apporté un substrat riche comme support de culture. Il a choisi du fumier de mouton bien composté (vieux fumier de mouton).
Montage de la charpente en bois
Lionel monte une charpente composée de bois et de métal uniquement à base de matériaux récupérés.
Montage des murs en paille
Ici, Lionel choisi d’isoler sa serre avec des bottes de Paille. La paille est l’isolant bio-sourcé par nature ! Lionel insiste surtout sur la capacité d’inertie de la serre afin que la Walipini monte moins vite en température la journée et que la chaleur chargée soit restituée lentement la nuit pour éviter tout risque de gelée (même à plus de 1000m d’altitude) : Murs en terre, installation de bidons d’eau noirs.. etc
Des Bambous comme piquets pour solidifier les murs
Lionel a choisi le bambou pour consolider ses murs de paille. Selon une étude récente, le bambou est plus performant que le graphite si on le considère du point de vue ratio poids/résistance. – Le bambou est flexible, mais il est dur, car il contient une forte teneur en silice. Des entre-nœud pleins, une structure creuse, des fibres longitudinales, l’absence de nœuds, lui permettent d’avoir des performances mécaniques supérieures au bois, à masse et/ou volume égaux. Lionel a choisi le Bambou car il l’avait à disposition (NDLR).
Pose d’un filet anti grêle et microporeux
Lionel a protégé et rigidifié les murs en paille de sa serre enterrée grâce à un filet anti-grêle et microporeux. Ce filet va permettre l’accroche d’un éventuel crépi. Dans son installation, c’est la terre qui viendra contre le mur terminer l’isolation.
Construction d’une aération
Ici, Lionel a récupéré un couvercle de conteneur à poubelle cassées pour créer une aération par le toit. En effet, la température peut monter à plus de 45°C en 2 heures d’ensoleillement si les aérations sont fermées.
A l’intérieur de la serre, Lionel a installé des bidons de 200 litres (30 bidons) peints en noirs pour augmenter l’inertie thermique. La température monte moins vite en journée et est restituée la nuit. La serre ne gèle pas en hiver ! Lionel nous livre également cette astuce : Construire un puit canadien pour récupérer la chaleur géothermique pour l’hiver et les nuits fraiches.
Plantation dans la serre enterrée
Lionel cultive actuellement des choux, des salades, de la menthe, une vigne, des courges, des tomates, des melons, des orangers et citronniers, des avocatiers et possède même un figuier.
Couvrir le Châssis
Ici, Lionel a couvert le châssis de plastique puis de polycarbonate plus résistant. – Il conseille également sur le toit de mettre au minimum double épaisseurs voir triples. La perdition de chaleur se fait beaucoup par le haut. On peut remplacer le plastique par du verre simple ou double vitrage de récupération.
L’intérieur de la serre enterrée de Lionel Paillardin
Nous remercions vivement Lionel PAILLARDIN d’avoir partagé son savoir et son travail avec nous. Cet homme est tout simplement incroyable ! Visitez son site
Des questions ? Besoin d’aide ?
Une réponse
Il serait mal venu de ma part de faire des commentaires : j’admire ce travail . Peu à peu mon esprit s’oriente vers cette direction . Plutôt des questions : concrètement qu’elle superficie devrait avoir la serre pour faire » vivre » 2 personnes . Peut-on utiliser les parois – un mixage de deux serres , c à d au moins une paroi en verre et, la gestion des campagnoles, est-ce vraiment un problème ?