Enrochement ou rocaille : quelles différences ?
Pour éviter des confusions, il est nécessaire de bien définir ces deux types d’aménagements paysagers.
L’enrochement : il n’a pas une vocation esthétique mais plutôt fonctionnelle en permettant la stabilisation d’un talus ou d’une berge de rivière pour palier aux problèmes d’affaissements et d’érosion. On peut également assimiler à un enrochement, l’usage d’un petit groupe de rochers venant accompagner la végétation d’un aménagement.
La rocaille : elle se veut esthétique. Il s’agit en fait d’une zone du jardin créée à partir du relief initial du terrain lorsque celui-ci est déjà vallonné ou sur un mouvement de terrain qui sera constitué avec des apports de terre végétale de l’extérieur ou issus d’autres zones de l’aménagement (décaissement d’une circulation). La rocaille est une scène paysagère montagnarde aménagée de rochers et de plantes à faible développement (arbustes et conifères nains, plantes vivaces). Dans un jardin privatif, elle représente quelques mètres carrés. Dans certains parcs, elle peut être aménagée sur une surface plus importante (rocaille à caractère botanique avec étiquetage des végétaux).
[space height= »10″]
Création : différentes étapes de mise en œuvre d’une rocaille
1ère étape : l’implantation
– Tracer les contours de la rocaille à la bombe traçante de chantier.
– Déterminer les courbes de niveau pour les rocailles couvrant des surfaces importantes. Dans ce cas ont s’appuie sur un plan côté et des coupes en élévation pour réaliser l’implantation altimétrique.
2ème étape : travail du sol et terrassements
Deux situations de chantier possibles :
- Le relief initial du terrain est déjà vallonné :
– Ne modifier rien ou peu pour ne pas choquer.
– Travailler le sol sur environ 20 à 30 cm d’épaisseur (décompactage-bêchage-griffage) et retirer tous les corps étrangers.
- Le relief du terrain sur lequel on envisage la future rocaille est plutôt plat :
– Décompacter la surface qui sera occupée par la rocaille avant d’effectuer des apports.
– Effectuer des apports de terre végétale (estimer la cubature de terre à apporter).
– Attention aux apports excessifs coûteux et pouvant choquer avec le reste de l’aménagement.
Remarque : dans les deux situations, un amendement organique de la terre peut être envisagé.
3ème étape : l’enrochement de la rocaille
La rocaille ne doit pas ressembler à un « tas de cailloux ». Cette phase d’intervention est assez difficile à estimer en temps. Certains rochers vont rapidement trouver leur place, d’autres devront être repositionnés ou même déplacés. Le souci de recherche apporté au moment de l’enrochement conditionne en partie la réussite de la rocaille.
Pour réaliser un enrochement esthétique, il faut :
– Choisir des rochers de la région (moins coûteux en terme d’approvisionnement et surtout mieux intégrés).
– « Hiérarchiser » les rochers ; les plus gros en bas, les plus petits en haut (en montagne, les plus gros rochers se trouvent toujours à la base d’un éboulis)
– Ne jamais mélanger plusieurs types de roche. Dans les rocailles de dimensions importantes, des gradines ou des escaliers peuvent être prévus, travailler avec le même type de pierre ou avec des matériaux naturels (jamais de matériaux préfabriqués dans ce type d’aménagement)
– Utiliser des rochers de taille suffisante ; 40 à 50 cm de diamètre pour une petite rocaille dans un jardin privatif. Dans des rocailles de taille importante, certains blocs peuvent atteindre plusieurs centaines de kilos. La taille des rochers est directement liée à l’importance de l’aménagement.
– La quantité de rochers est assez subjective ; attention à l’excès comme à l’insuffisance de rochers dans la rocaille.
– Présenter les rochers sur les faces les plus intéressantes ; pas de face éclatée apparente mais plutôt des faces patinées ou trouées par l’érosion.
– Pas de rocher de forme et de taille semblable associés ensemble.
– Pour une bonne stabilité, les incliner vers l’intérieur du talus et les enterrer d’un tiers à la moitié de leur taille.
– Les rochers peuvent se chevaucher entre eux (présentation en strates de la roche mère dans la nature)
– Grouper les rochers en nombres impairs 3-5 ou 7 rarement plus pour former des paliers de plantation sans que ces derniers soient alignés.
– Certains rochers peuvent être utilisés seuls (= une pierre de rappel). Ils sont placés à la base de la rocaille. A utiliser sans excès.
– Créer des petites niches dans l’assemblage des groupes de rochers (refuge idéal des plantes grasses)
– Ne jamais placer de rochers verticalement tel un menhir (cela n’existe pas dans la nature)
– Employer des rochers non gélifs.
– Démarrer toujours l’enrochement par la base de la rocaille.
– Pour des rocailles aménagées sur un relief assez prononcé, il est possible d’intégrer de l’eau (bassins et cascades). Il faudra donc intégrer un circuit fermé. Certains rochers devront être scellés au mortier. Son usage doit être discret et sa teinte sera semblable à celle des rochers.
– Ne pas hésiter de temps en temps à prendre du recul pour avoir une vision d’ensemble de l’enrochement. Au besoin rectifier l’emplacement ou l’orientation de certains rochers.
Remarques : lorsque les rochers sont de taille raisonnable (petite rocaille dans un jardin privatif), l’enrochement peut être fait manuellement avec l’usage d’une barre à mine. Pour des aménagements plus ambitieux, la mécanisation s’impose (mini-pelle-tractopelle).
4ème étape : travail du sol et nivellement
Les travaux d’enrochement ayant compacté du sol, il est nécessaire de le retravailler et de réaliser un nivellement définitif. Cela favorisera par la suite les travaux de plantation de la rocaille et le bon enracinement des végétaux prévus. Un balayage des rochers complètera cette opération.
5ème étape : le paillage de la rocaille
Ces travaux ne sont pas toujours prévus au devis pourtant ils s’avèrent bien utiles dans ce type d’aménagement nécessitant un entretien annuel régulier. Le paillage présente de multiples avantages ; il permet de limiter les travaux fastidieux de désherbage et donne à la rocaille un aspect entretenu toute l’année. Il permet de réaliser des économies en eau non négligeables en limitant les pertes en eau par évaporation lors des journées chaudes et ventées l’été. (7-8 mm/m² soit 7-8 litres par jour en juillet-août dans notre région). Un tuyau pré-percé ou tuyau microporeux pourra être placé avant la mise en place de la bâche imperméable. Le double paillage semble un choix approprié. Il se concrétise par la mise en place d’une bâche perméable fixée par des agrafes en U découpée sur mesure au cutter en fonction de la forme et de la taille des rochers. Cette bâche peu esthétique mais fonctionnelle sera recouverte sur quelques centimètres d’un matériau minéral ou organique mettant en valeur l’intégralité de la rocaille.
6ème étape : la plantation de la rocaille
Attention à la densité et au développement des végétaux prévus au sein de cet aménagement. A terme la végétation ne doit pas masquer l’enrochement.
Les catégories de végétaux les plus appropriées à ce type d’aménagement sont les arbustes et les conifères à croissance lente ainsi que les plantes vivaces. Placer d’abord les conifères et les arbustes puis achever la plantation par les vivaces qui pour certaines d’entre elles seront plantées par taches pour obtenir l’effet escompté. Une fois les végétaux placés, pratiquer une incision cruciforme au cutter dans la bâche, rabattre les quatre coins sous la bâche, décaisser et planter. Les excès de terre seront évacués au fur et à mesure. Rabattre les quatre coins après plantation et les fixer avec 2 agrafes.
7ème étape : mise en place du paillage de finition
Epandre le matériau minéral ou organique prévu pour dissimuler la bâche perméable et le réseau de goutte à goutte si cette option d’arrosage a été prévue.
8ème étape : la finition de l’aménagement
Débarrasser le chantier des excédents de fournitures et de déchets. Déclencher l’arrosage (tuyau pré-percé, goutte à goutte ou tuyère selon d’arrosage retenue).
[space height= »10″]
L’entretien de la rocaille
L’entretien d’une rocaille est indispensable pour qu’elle soit décorative toute l’année. Il est donc nécessaire de :
– Remplacer certains végétaux morts (garantie de reprise un an en général).
– Supprimer les branches cassées, sèches et tailler les arbustes en fonction de leur époque respective de floraison.
– Limiter le développement de certaines plantes vivaces en fonction de leur développement, rabattre certaines d’entre elles ne présentant aucun intérêt ornemental durant l’hiver. Ces dernières redémarrent au printemps suivant.
– Supprimer les plantes adventices à l’aide d’une technique écologique de désherbage au vinaigre blanc (au bord des rochers et au voisinage du collet des plantes)
– Vérifier le bon fonctionnement du système d’irrigation.
– Au moins trois interventions annuelles doivent être envisagées (avant le démarrage de la végétation : mars, avant les grosses chaleurs de l’été : juin et en automne : octobre)
En conclusion : un mouvement de terrain harmonieux se raccordant parfaitement au jardin existant, le souci de recherche apporté au moment de l’enrochement, le choix d’une végétation appropriée et adaptée aux conditions pédoclimatiques et un entretien de jardin suivi sont autant d’atouts qui rendent une rocaille attrayante dans un aménagement.
Crédits Photo : Ecole Du Breuil
2 Responses
Cool…… J’adore. je suis au burkina Faso. j’ai hériter de l’amour du travail paysager de mon père. si vous formez, tenez moi informé. J’aime beaucoup.
jaime beaucoup beaucoup aussi merci je vous aime.