Les Paysagistes Professionnels de la coopérative vous détaillent, au travers de cet article, les différentes étapes nécessaires à l’installation d’un système d’arrosage intégré. Pour mieux comprendre, des schémas précis illustrant les conseils, vous guideront pas à pas dans la conception de votre système d’irrigation.
1ère Étape : l’implantation de votre système d’arrosage
A partir du plan d’irrigation, positionner l’emplacement des arroseurs et des tuyères et tracer les différents réseaux ainsi que les changements de directions (dérivations) qui les alimentent. Prévoir des piquets, du cordeau, un double décamètre, de la chaux ou une bombe traçante de chantier. L’implantation est une étape importante à ne pas négliger. Elle doit tenir compte des fournitures d’irrigation prévues au devis.
2ème Étape : les terrassements
Ils seront réalisés avec une trancheuse à condition que le sol ne comporte pas trop de cailloux. Dans le cas inverse, il est préférable d’utiliser une mini-pelle. En sol très caillouteux, il est conseillé d’apporter du sable ou un remblai meuble sur 5 à 10 cm d’épaisseur au fond de la tranchée. Décaisser des tranchées d’environ 50 cm de profondeur. Cette profondeur est nécessaire pour deux raisons :
- pour une mise hors gel du réseau durant la période hivernale.
- pour ne pas gêner le travail du sol dans le cas de travaux de réfection d’un gazon.
Le fond du décaissement sera curé avec une pelle à tranchée. Tous les cailloux et autres corps étrangers qui risqueraient d’endommager les tuyaux en polyéthylène doivent être retirés. Lors de cette étape, on en profite pour réaliser les fouilles nécessaires à la pose des regards.
3ème Étape : La pose des tuyaux
La pose des tuyaux en polychlorure de vinyle P.V.C
Ces matériaux rigides sont fournis en éléments de 6 m dans différents diamètres.
Avant leur assemblage, distribuer les éléments tout le long de la tranchée. Leur assemblage sera réalisé en dehors de la tranchée. Les coupes sont exécutées perpendiculairement à la scie à métaux. On ébarbe la coupe à la lime afin que l’emboîtement entre deux éléments soit parfait. L’étanchéité est obtenue grâce à un collage des tuyaux et des raccords. Les parties mâles et femelles à encoller devront être préalablement nettoyées avec un papier de verre à grains fins.
Un assemblage correct des tuyaux en P.V.C suppose :
- que les deux éléments à assembler soient bien alignés et que les emboîtures soient dirigées en amont du point d’alimentation en eau.
- que l’élément mâle inséré dans l’emboîture soit manchonné à fond.
- un nettoyage soigneux et à sec des surfaces à encoller (partie mâle et emboîture femelle).
- l’application d’un décapant sur la totalité des surfaces à encoller.
- l’application au pinceau de la colle sur les parties mâle et femelle.
- l’emboîtement immédiat après encollage des deux éléments jusqu’au fond de l’emboîture sans exercer de rotation.
- un séchage d’environ 15 à 20 minutes avant de manipuler les tuyaux en P.V.C pour les disposer dans la tranchée.
- un délai de mise en eau de 24 heures après la pose.
- un assemblage des tuyaux à des températures supérieures à 0° C.
Remarques : n’utiliser que des décapants et colles à solvant fort spécifiques à l’assemblage des tuyaux en P.V.C.
La pose des tuyaux en polyéthylène
Ils sont généralement vendus en couronne de 50 ou 100 m. Il est préférable d’employer des couronnes de 100 m qui évitent des raccords supplémentaires. Obstruer l’extrémité de la couronne afin d’éviter l’entrée d’impuretés à l’intérieur du tuyau. Dérouler la couronne dans la tranchée en la maintenant bien au départ pour éviter qu’elle ne se ré-enroule. Caler le tuyau à intervalles réguliers dans le fond de la tranchée.
Le tuyau doit serpenter dans le fond de la tranchée afin qu’il conserve une longueur suffisante quand se produiront les inévitables contractions lorsque la température de ce dernier baissera lors du passage de l’eau.
Remarque : les tuyaux en polyéthylène ont un coefficient de dilatation de l’ordre de 0.2 mm/mètre/°C. Un tuyau en polyéthylène de 200 mètres linéaires subit un retrait de l’ordre du mètre lorsque la température passe de 40° dans la journée à 15° la nuit.
Les trajectoires en courbe sont possibles à condition de ne pas avoir un rayon inférieur à celui de la couronne. Pour assembler les différents tronçons de tuyaux, on utilisera des raccords à compression de type Plasson.
4ème Étape : mise en place des colliers de prise en charge (C.P.C)
Les colliers de prise en charge seront vissés à l’horizontal de façon à ce que l’arrivée d’eau du collier soit orientée vers le haut.
Ils sont composés de deux parties :
- la première coquille est placée en-dessous du tuyau.
- la seconde sera placée au-dessus et sera assemblée à la précédente grâce à 4 vis. Elle comprend une ouverture filetée permettant de placer la dérivation conduisant à l’arroseur ou à la tuyère. Il est important de vérifier que le joint torique est présent dans la gorge avant l’assemblage. Il permet d’assurer l’étanchéité du montage.
5ème Étape : le perçage des tuyaux en polyéthylène
Il est effectué avec une perceuse sans fil. Adapter la mèche en fonction de la grosseur de l’orifice du collier de prise en charge qui est variable selon le diamètre de la canalisation. Prendre garde de ne pas endommager le côté opposé du tuyau en perçant trop profond.
Remarque : il existe des mèches dotées d’un système de récupération des copeaux.
6ème Étape : vissage du raccord et mise en place du tuyau de dérivation
Avant de visser le raccord sur le collier de prise en charge, entourer son filetage de plusieurs couches de téflon dans le sens des aiguilles d’une montre. Le téflon permet d’assurer une bonne étanchéité entre la partie filetée du collier de prise en charge et celle du raccord. Emboiter le tuyau de dérivation sur l’autre extrémité du raccord. Le couper un peu plus long que le niveau fini du sol. Son extrémité sera repliée et ligaturée avec du ruban adhésif pour éviter que des impuretés ne s’y introduisent lors du remblai de la tranchée.
Remarque : si des raccords à compression sont employés, visser le raccord sur le collier de prise en charge, emboîter le tuyau correspondant au diamètre de ce dernier en ayant pris la précaution de faire un chanfrein pour ne pas endommager le joint torique. Cette opération sera renouvelée pour chaque raccord.
7ème Étape : mise en place des soupapes de drainage ou purge automatique
Au bout de chaque réseau de tuyères ou d’asperseurs, on disposera une purge automatique. Cette dernière permet de vidanger les différents réseaux de l’installation juste avant l’hiver et la préserve du gel qui endommagerait les tuyaux. Cette purge est montée sur les canalisations grâce à un collier de prise en charge. La purge sera placée sous le tuyau. Son principe de fonctionnement est simple ; lorsque le réseau d’arrosage est en pression une soupape ferme le circuit d’asperseurs ou de tuyères. Lorsque le circuit n’est plus en pression, cette soupape se libère et l’eau résiduelle peut alors s’écouler automatiquement. Au niveau de chaque purge on placera l’équivalent d’un seau de 10 litres de gravier (massif filtrant jouant le rôle de drainage).
8ème Étape : mise en place des électrovannes
L’électrovanne est un ‘’robinet’’ qui est automatisé par un électro-aimant qui l’ouvre ou le ferme comme s’il s’agissait d’un robinet classique. L’électro-aimant est activé par le programmateur. Deux câbles alimentés en 12 ou 24 volts relient l’électrovanne au programmateur. Pour chaque électrovanne, on trouve :
- un fil nommé commun qui relie toutes les électrovannes entre elles.
- un second câble propre à chaque électrovanne.
On utilise le plus souvent des câbles de type V1000R2V de 1.5 à 2.5 mm² de section. Ils sont reliés aux électrovannes grâce à des connections étanches. Ils seront protégés dans le sol par une gaine annelée en plastique qui pourra emprunter la même tranchée que celle de l’alimentation en eau située au départ de l’installation d’arrosage.
Les électrovannes se trouvent à chaque départ d’un réseau d’arrosage quelque soit sa nature (goutte à goutte, tuyau poreux asperseurs ou tuyères). Elles seront abritées dans un regard en plastique rond ou rectangulaire doté d’un couvercle amovible de couleur verte se confondant avec le gazon. Certains regards sont dotés d’une clé spécifique pour éviter l’accès aux électrovannes par un public mal intentionné. Sous le regard, on disposera une couche drainante d’environ 5 à 10 cm de gravier qui assurera le rôle de drainage en cas de fuite. La liaison entre les électrovannes et les canalisations sera assurée par l’intermédiaire d’embouts spécifiques taraudés ou filetés. L’étanchéité des filetages sera assurée grâce à du téflon ou de la filasse. L’ouverture manuelle des électrovannes est possible sans intervenir au niveau du programmateur. Elles seront d’ailleurs ouvertes manuellement lors des premiers essais.
9ème Étape : mise en eau de l’installation (1er essai)
Avant de monter les arroseurs et les tuyères sur les tuyaux de dérivation, il est prudent de purger les canalisations des copeaux et autres impuretés qui pourraient se trouver à l’intérieur. Ce premier essai permet également d’identifier la présence éventuelle de fuites au niveau des différents raccords. Caler suffisamment les tuyaux avec la terre décaissée sans remblayer complètement la tranchée. Pour mettre le réseau sous pression, ouvrir manuellement l’électrovanne. Mettre les réseaux en pression les uns après les autres pendant quelques minutes. Réparer les fuites s’il y a lieu. Ne jamais reboucher les tranchées sans avoir procédé au 1er essai.
10ème Étape : le remblai des tranchées
Si aucune anomalie n’a été constatée, le remblai des tranchées peut avoir lieu. Placer d’abord un remblai sablonneux sur environ 10 à 15 cm sur les tuyaux. Dérouler un filet rouge (électricité) ou bleu (eau). Achever le remblai manuellement ou avec la lame de la mini-pelle. Si vous n’utilisez pas de sable, veillez à retirer tous les gros cailloux pouvant endommager les tuyaux. Tasser le remblai régulièrement pour atténuer le foisonnement. Les tranchées resteront ouvertes à proximité des asperseurs et des tuyères afin de pouvoir les installer en respectant le niveau fini du terrain.
11ème Étape : mise en place des asperseurs et des tuyères
Ils ne devront pas dépasser le niveau fini du terrain sous peine d’être décapités lors du passage des tondeuses.
Il existe différents types de montages :
- le montage perpendiculaire au tuyau : ce montage est à éviter sauf si l’asperseur ou la tuyère se situe sur une surface qui n’est pas tondue. En cas de pression sur la tête de l’asperseur ou de la tuyère, il y a des risques importants de rupture de canalisation.
- le montage articulé : il est souvent employé pour des arroseurs de moyenne et grande portée. Il facilite la mise à niveau par rapport au terrain et permet de se démarquer aisément d’une bordure bétonnée.
- le montage en déport : ce type de montage est très courant. Il a les mêmes avantages que le montage précédent. On l’utilise pour l’installation des tuyères et pour les arroseurs de faible portée.
12ème Étape : installation du programmateur
Il doit être placé à l’abri des intempéries dans un endroit accessible proche du jardin (garage, abri de jardin…). Il s’agit d’une horloge électronique permettant de programmer des cycles d’irrigation plusieurs jours à l’avance. Il actionne successivement plusieurs circuits indépendants correspondants à différentes électrovannes.
Les programmateurs doivent être équipés des systèmes suivants :
- un programme de 24 heures permettant de choisir les heures de départ de cycle.
- de circuits indépendants (4 à 36 circuits selon les modèles commercialisés).
- une temporisation réglable échelonnée en minutes ou en heures.
- un circuit de démarrage de pompe dans le cas où l’installation est alimentée par un forage.
- un transformateur permettant l’alimentation en 12 ou 24 volts des électrovannes.
- un interrupteur marche/arrêt.
- une réserve de marche assurée par une pile de 9 volts maintenant la programmation de l’irrigation en cas de coupure de courant.
L’objectif de la programmation, c’est d’automatiser et de séquencer le déclenchement des cycles d’irrigation dans un aménagement à heures fixes afin d’étaler dans le temps la demande de débit. L’exigence en eau des végétaux étant variable en fonction des saisons, il faudra la programmer de manière cohérente. Avec ce type d’installation, fini les corvées et les soucis d’irrigation durant les absences.
Le programmateur doit être fixé sur un tableau électrique afin de dissimuler les fils et de faciliter les connections. Il doit être relié au coffret de répartition électrique de la maison et ceci sur un circuit indépendant. Ce dernier doit être doté d’un fusible ou d’un disjoncteur. Dans tous les cas, on doit pouvoir isoler le programmateur du reste du circuit électrique.
Le programmateur posé, effectuer le raccordement des câbles des réseaux puis celui du fil commun. (fil reliant les différentes électrovannes entre elles).
Remarque : toutes installations électriques doivent être conformes aux normes en vigueur. Pour se raccorder à l’installation d’une habitation, un paysagiste doit avoir une habilitation ou faire appel à un électricien agréé.
13ème Étape : installation du pluviomètre
C’est un accessoire qui complète les performances de l’installation d’arrosage intégré. Il est relié aux électrovannes et au programmateur. Il suspend automatiquement l’arrosage en cas de pluie. Son installation est en général murale.
Principes de fonctionnement :
Le pluviomètre est équipé d’un petit bac situé juste en-dessous de deux électrodes recueillant l’eau de pluie. Lorsque ces deux électrodes sont en contact avec l’eau recueillie dans ce petit bac, le programmateur suspend les cycles d’arrosage. Lorsque l’eau s’évapore et n’est plus en contact avec les deux électrodes, l’irrigation redevient fonctionnelle.
Remarque : d’autres accessoires peuvent compléter l’installation, en particulier les sondes d’humidité installé dans le sol et les anémomètres (vent). Ils sont assez peu utilisés.
14ème Étape : le réglage des arroseurs et des tuyères
Régler la portée des jets (rayon) et le secteur angulaire pour les arroseurs. Pour les tuyères, les secteurs angulaires sont déterminés par les différentes buses employées. On commence toujours par le réglage de la portée du jet puis on termine par le secteur angulaire.