Les Paysagistes professionnels vous racontent dans ce 5ème épisode de la saga consacrée à « l’Histoire des Jardins », les jardins classiques à la Française. Si vous êtes autant passionnés par cet art que nos jardiniers, vous découvrirez pourquoi notre cher pays n’a rien à envier aux autres en matière de splendeur végétale.
Les Jardins classiques à la Française : 1640 à 1800 ans après J.C
A cette époque, sous le règne d’Henri IV, certaines personnalités telles que Claude et André Mollet, Jacques Boyceau de la Barauderie vont commencer à travailler sur ce style de jardin et en seront les précurseurs. Claude Mollet établira certaines règles de conception de ce style et notamment : une composition plus étendue du jardin, une proportionnalité des allées et l’introduction des broderies italiennes (parterres de buis et de plantes basses sur fonds minéraux d’ardoise et de sable coloré).
André Mollet publia un ouvrage intitulé « Jardins de plaisir » en 1651. Jacques Boyceau de la Barauderie rédigea un traité de jardinage sur l’association des courbes mêlées aux droites. Il dessina les Jardins du Luxembourg et des Tuileries à Paris.
Les Jardins de Versailles
Les Jardins du Luxembourg
Les Jardins des Tuileries
Mais c’est André Le Nôtre (1613-1700) qui va inaugurer en 1661 ce style de jardins au Château de Vaux Le Vicomte sous le règne de Louis XIV. Louis XIV l’appellera plus tard pour créer les Jardins du Château de Versailles. Les travaux démarreront en 1665.
André Le Nôtre travaillera également sur la conception des Jardins du Grand Trianon, de Chantilly, de Fontainebleau, de Sceaux.
Jardins du Domaine de Chantilly
Jardins de Sceaux
C’est l’apogée du style régulier. Ces jardins mettent en valeur les châteaux en les plaçant en position dominante. Tout y est ordonné à partir de ces derniers. Ils atteignent de ce fait des dimensions importantes (1000 ha à Versailles). Ces jardins se caractérisent par des perspectives très fortes avec un axe principal longitudinal centré sur le château et laissant croire à l’infini ainsi que des axes secondaires transversaux ou obliques affirmant un souci d’unité et de grandeur. Les allées constituent la trame de ces jardins, on a le souci d’établir des proportions entre leur largeur et leur longueur. De part et d’autre de cet axe principal, on trouve des éléments de même importance mais parfois différents.
Les bois avoisinants constituent le relief du jardin et les allées convergent le plus possible vers ces derniers.
Les allées sont parfois bordées par deux ou quatre rangées d’arbres taillés en rideau ou en marquise. Les ifs et les buis jalonnent les allées et marquent leurs intersections, ils sont taillés en boule, en carré, en pyramide pointue ou tronquée ou selon des formes personnalisées (art topiaire) et affirment la symétrie de ces jardins classiques à la française. La disposition des statues et des grands vases joue le même rôle.
L’eau occupe une place importante dans ces jardins. Dans ces derniers, on intègre des fontaines, on crée des canaux et bassins, vastes miroirs d’eau où se reflète la nature avoisinante ou le château. Certaines de ces pièces d’eau sont ornées de somptueuses sculptures de pierre ou de bronze représentant la mythologie gréco-romaine animées par l’eau.
Les jardins classiques à la française se caractérisent également par une grande diversité de parterres de plusieurs types et en particulier :
- Des parterres de broderies constitués de buis nains sur un fond de sable coloré, d’ardoise, de briques pilées ou de mâchefer.
- Des parterres à l’anglaise composés d’une surface engazonnée divisée par des sentiers sablés ou gravillonnés.
- Des parterres délimités par du buis nain et agrémentés de plantes à fleur.
A cette époque, la gamme végétale se développe et on commence à employer de nombreuses plantes à massif telles que : œillet d’Inde, giroflée, pensée, primevère, anémone, renoncule, pivoine, lis, tulipe, iris…
Au premier plan, à proximité des châteaux, on trouve les parterres de broderies en buis les plus sophistiqués mis en valeur par un fond minéral coloré ainsi que des bassins de type miroir d’eau reflétant l’architecture du château. On y rencontre de magnifiques sculptures.
Au second plan, les parterres voient leur tracé se simplifier mais les motifs décoratifs s’agrandissent. Les statues, les grands vases et les grandes vasques jalonnent les allées et affirment la symétrie de ces jardins.
Au troisième plan, on trouve des surfaces engazonnées et un grand canal ou se reflète la nature avoisinante.
Dans certains cas, comme à Versailles, des plantes d’orangerie (orangers, citronniers, palmiers, lauriers roses…) complètent la décoration du jardin. Elles sont cultivées en bac et abritées durant la période hivernale.
Dans ces jardins, on trouve également des labyrinthes, des boulingrins (pelouses pour jeu de boules), des treilles, des tonnelles ainsi que des fausses grottes abritant des sculptures.
Ce style de jardin va se répandre dans toute l’Europe.
Jardins de Vaux Le Vicomte
