Histoire des Jardins : Du moyen Age à la renaissance
On continue la Saga d’articles consacrés à l’Histoire des Jardins. Afin d’enrichir toujours plus ses connaissances, les Paysagistes à Domicile vous racontent cette fois, les jardins du Moyen âge et de la Renaissance…
LES JARDINS DU MOYEN ÂGE : 476 à 1492 après J.C
Le moyen âge est une période de troubles et de guerres seigneuriales. Les seigneurs et les hommes d’église sont les seuls à posséder la terre. De ce fait, les jardins seront créés à l’intérieur des monastères et des abbayes et dans l’enceinte des châteaux forts.
LES JARDINS D’ABBAYES OU DE MONASTÈRES DU MOYEN AGE
Ces jardins réguliers ont un rôle essentiellement utilitaire. Au départ, ces jardins de petites dimensions sont clos (Hortus conclusus), de forme carrée ou rectangulaire. Ils sont divisés en quatre parties par le tracé cruciforme des allées. A l’intersection de ces allées, on trouvait un puits ou un bassin de forme carrée ou circulaire.
Chaque parcelle appelée carreau faisaient l’objet d’une culture spécifique : on trouvait :
- un jardin de plantes aromatiques et médicinales (simples)
- un jardin potager
- un jardin bouquetier pour le fleurissement des autels, des chapelles, des monastères…
- un verger
Par la suite, les monastères et les abbayes s’entourent de jardins de plus grandes dimensions. Ils sont entourés de haies bocagères ou de tressage d’osier ou de châtaignier (les plessis). On y cultive des espèces vivrières, médicinales, ornementales et fruitières.
Espèces végétales rencontrées
- plantes aromatiques et médicinales : anis, arnica, bourrache, ciboule, coriandre, cumin, fenouil, lavande, menthe, nigelle, pavot, persil, romarin, sarriette, sauge, tanaisie, thym…
- plantes potagères : bette, chou, cresson, houblon, laitue, haricot, fève, pois, pois chiche, ail, carotte, échalote, oignon, poireau, radis, concombre, cornichon, melon…
- plantes à fleur : glaïeul, iris, lis, rosier…
- espèces fruitières et ornementales : amandier, cerisier, châtaignier, cognassier, figuier, mûrier, pécher, poirier, pommier, prunier, néflier, noisetier, noyer, vigne… Les espèces fruitières sont plantées sur le pourtour du jardin et sont conduites le plus souvent en espalier.
Certaines espèces comme la vigne sont cultivées pour réaliser le vin de messe, le noyer pour fabriquer de l’huile, le mûrier pour l’élevage du ver à soie.
Les moines furent les premiers dans notre pays à s’occuper de la botanique. Ils jouent à cette époque un rôle important dans le choix et l’utilisation des plantes dans le domaine de la médecine.
Exemples de jardin du moyen âge :
– Jardins de l’Abbaye de Saint Germain des Prés
– Jardins de l’Abbaye de Cluny
LES JARDINS FÉODAUX
Au départ, ils se situent dans l’enceinte des châteaux et s’inspirent des jardins d’abbaye du moyen âge. On y trouve les mêmes cultures.
A partir du 12 et 13ème siècle, ces jardins deviennent en plus des lieux d’agrément, ils sont complétés par des préaux (prés fleuris) aménagés de tables et de bancs, et l’introduction d’espèces ornementales plantées en quinconce pour l’ombrage des cours. Les tonnelles et les treilles garnies de vignes prennent de l’importance. La diversité végétale s’accroît et les croisades vont permettre l’introduction de nouvelles espèces végétales telles que : renoncule, jacinthe, tulipe, iris, violette, laurier rose, lilas, jasmin… L’intégration de l’eau s’intensifie (bassins animés de jets d’eau et fontaines).
Au 14ème siècle, les jardins sont créés au-delà des remparts. Les pelouses sont divisées en damier. Des végétaux taillés (ifs et buis) marquent l’intersection et jalonnent les allées. Les circulations sont bordées de plates bandes fleuries entourées de buis nain. Les parterres de gazon s’ornent de figures géométriques. On arrive à grand pas vers la période de la renaissance.
LES JARDINS HISPANO-MAURESQUES : 700 à 1492 après J.C
En 711, le sud de l’Espagne est envahi par les arabes. Ces derniers vont créer des jardins d’un raffinement jusqu’à présent jamais atteint.
Ce sont des jardins fermés par rapport au paysage extérieur. Ils se caractérisent par de nombreux patios (cours intérieures) créés sur différents niveaux dont l’accès se fait par des arches très décorés que l’on découvre au fur et à mesure. L’essentiel étant de générer le sentiment permanent de découverte et de surprise.
Dans ces jardins, il n’y a pas de statue symbolisant les dieux, la religion musulmane interdisant ce type de représentation.
L’eau y est omniprésente, en mouvement mais jamais en abondance. A l’intérieur des patios, elle est intégrée de différentes manières ; ce sont soit :
- de petits bassins de forme circulaire ou hexagonale
- une succession de bassins reliés entre eux par des caniveaux lorsque le patio est allongé
- des fontaines représentées par des vasques munies de jets d’eau
- des canalisations étroites disposées en quadrillage pour l’arrosage des arbres
- des caniveaux construits dans l’axe des escaliers ou sur les margelles des murets bordant ces derniers
Les allées sont réalisées à partir de carreaux de terre cuite ou de marbre. La végétation est assez diversifiée et apporte couleur, parfum et ombrage dans ces jardins. Les patios sont constitués de nombreux parterres aux formes régulières, symétriques, bordés d’espèces taillées (buis et myrte) permettant de dissimuler les différences de niveau entre les allées et les parterres. Les autres espèces évoluent librement. Des plantations de vasques et de poteries en terre cuite viennent compléter le décor. Ces jardins flattent nos sens : vue, odorat et ouïe.
Espèces végétales apportant couleurs et parfums : rosiers de Perse et du Bengale, bougainvillée, laurier rose, oranger, grenadier, jasmin, mimosa, myrte, lavande, chèvrefeuille, seringat, œillet, jacinthe, menthe, citronnelle, mélisse, basilic…
Espèces végétales assurant l’ombrage des patios : palmier dattier, cyprès, pins, eucalyptus, laurier sauce, magnolier…
A partir du 12ème siècle, on apporte quelques compléments dans ces jardins et en particulier :
- le parement des murs des bâtiments avec des petits carreaux de faïence colorés appelés azuléjos (dominance de bleu)
- l’utilisation des azuléjos pour orner les dallages, les bassins, les escaliers…
- la couverture des murs de stucs gravés pour former des arabesques
Exemples de jardins hispano-mauresques :
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Jardins de l’Alhambra à Grenade
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Jardins du Généralife à Grenade
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Jardins du Palais de Madinat Al-Zahra à Cordoue
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Cour des Orangers de la Mosquée de Cordoue
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Jardins de l’Alcazar à Séville