La floraison des oliviers bat son plein, il est temps de bien les surveiller au risque d’en perdre la production. En effet un certain ravageur pourrait détruire vos futures récoltes, en cause : la mouche de l’olivier. C’est pourquoi nos experts des espaces verts vous expliquent tout ce qu’il faut savoir sur cette vilaine mouche afin que vos cueillettes soient les plus prolifiques possibles.
Présentation de la mouche de l’olivier
La Bactrocera oleae, ordre des diptères, ou la mouche méditerranéenne. Cette mouche mesure de 4 à 5 mm de long et présente dans la partie de l’aile une tâche noire caractéristique de l’espèce.
Le corps est brun-orangé avec des tâches noires. Le thorax est foncé, strié de bandes grises avec une barre blanche. La femelle possède au bout de l’abdomen un ovipositeur de ponte.
Le cycle de croissance et développement
Selon les conditions climatiques, trois à cinq générations se succèdent de juin à octobre. Il y en a eu 3 pour l’année 2015.
Les femelles pondent un œuf sous la peau de l’olive et l’asticot se développe à l’intérieur de la pulpe laissant un petit trou visible à l’endroit de la ponte.
A la fin de son développement, la larve mange la pulpe juste sous l’épiderme et prépare son trou de sortie. Ensuite elle recule dans le fruit pour se nymphoser. La nymphose se déroule sous la forme d’une pupe durant environ 10 jours en été. Une fois sorti de la pupe, le nouvel adulte sèche ses ailes quelques minutes puis s’envole. Il est apte à se reproduire après quelques jours, d’où les dégâts sur les productions durant les périodes chaude.
En automne, si les températures baissent ou la chair devient laiteuse, la larve se laisse tomber au sol. La nymphose a lieu dans ce cas au sol et s’étale jusqu’à l’été suivant. C’est à ce moment-là qu’il faudra traiter les sols en préventif pour le printemps suivant en appliquant du sulfate de fer en poudre.
La mouche de l’olivier en Hiver
La grande majorité des populations de mouches de l’olive passe l’hiver au stade de pupe, sous les arbres dans les premiers centimètres de terre. La pupe est très résistante aux produits insecticides et aux conditions climatiques. En dessous de 0°C, la survie des pupes est très réduite.
Durant l’été, une génération de mouche se développe en un mois environ, mais l’adulte peut vivre jusqu’à 6 mois dans des conditions favorables. Elles pondent de 400 à 500 oeufs en quelques jours : une même femelle ne pond qu’un œuf par olive.
Les dégâts
Les dégâts engendrés par la mouche de l’olivier sont à la fois d’ordre quantitatif et qualitatif.
Dégâts quantitatifs :
le développement de la larve à l’intérieur de l’olive affecte directement l’alimentation du fruit, sa maturation et sa force d’attachement au pédoncule, provoquant ainsi une chute accélérée.
Dégâts qualitatifs :
En mettant la pulpe de l’olive au contact de l’air et des déjections de la larve, cela conduit à une altération de la qualité de l’huile, facilement détectable au goût d’amertume et par une augmentation de l’acidité.
Facteurs favorisant le développement
Les paramètres favorables au développement de la mouche sont : le climat, les variétés et l’irrigation.
Le climat
- hiver doux,
- printemps précoce,
- été sans chaleur excessive, et avec orages réguliers,
- automne doux permettent à la mouche de bien se développer.
Si l’humidité est élevée, les conditions deviennent idéales. Inversement après un hiver très froid (Février 2012 en France) la population de mouche se développe peu.
Les variétés
En règle générale, les variétés précoces sont plus attaquées que les variétés à petits fruits.
- ascolana,
- lucques,
- amygdalolia,
- bouteillan,
- belgentieroise,
- boubal,
- grossane
sont particulièrement attractives pour la mouche.
Les variétés tardives comme l’aglandau le sont moins.
L’irrigation
l’apport d’eau aux oliviers permet d’obtenir des fruits plus précoces, donc plus attirants pour la mouche. Par ailleurs, l’eau est indispensable dans l’environnement de la mouche.
L’irrigation favorise donc sa survie dans le verger.
Principaux auxiliaires efficaces contre la mouche de l’olivier
L’action des auxiliaires sur la mouche est très limitée. On peut cependant citer l’hyménoptère Psyttalia concolor, parasitoïde de la larve et Mantispa pagana, prédateur généraliste très présent dans les vergers français.
Comment estimer le risque d’attaque ?
Piégeage évaluatif ou piégeage de contrôle
Le piégeage permet de détecter la présence des adultes de mouches et ainsi de déterminer le début des vols de façon plus simple et plus rapide que par un suivi de piqûres et trous de sortie, mais également moins précis.
Deux types de pièges existent :
-
Piège alimentaire du type Piège à guêpes
Il s’agit d’un piège alimentaire de type gobe-mouche, renouvelée toutes les semaines. Comptez environ 3 pièges/ha.
-
Piège à phéromones ou piège sexuel
Il s’agit d’un piège sexuel, composé d’une capsule de phéromones et d’un fond englué jaune, renouvelés toutes les 3 à 4 semaines. Comptez environ 1 piège/ha.
Ces pièges doivent être placés dans les arbres les plus attractifs : ceux présentant de grosses olives, et/ou à l’abri de haies brise-vent, et/ou dans une zone humide du verger.
Le passage d’argile blanche, idéale pour camoufler le fruit
Une application, dès que les olives ont une longueur supérieure à 1 cm et que des mouches sont capturées.
Renouvellement doit se faire :
- toutes les 4 semaines,
- en cas de plus de 20 mm de pluie cumulée,
- en cas de fort grossissement des fruits,
Il est inutile de traiter dans les 2 à 3 semaines qui précédent la récolte.
Attention : Les pièges servent à déterminer le début du premier vol de la saison. Une fois la barrière minérale installée il faut la renouveler indépendamment des captures dans les pièges.
L’installation de pièges de suivi (ou pièges indicatifs) est indispensable pour une bonne maîtrise de cette stratégie de lutte.