Favoriser la biodiversité avec les nichoirs à insectes
Les insectes sont indispensables dans la nature. Que ce soit pour assurer la pollinisation, lutter contre d’autres insectes ravageurs ou nourrir les oiseaux, ils jouent un rôle essentiel dans la chaîne alimentaire. Cependant, nos jardins « trop bien » entretenus tendent à faire disparaître leurs habitats naturels. Rajouter à cela l’abus d’insecticides et une pollution toujours croissante, et l’on obtient la raréfaction voire la disparition de nombreux et précieux auxiliaires du jardin.
Heureusement, ces dernières décennies les consciences se sont éveillées et les tendances s’inversent comme le montrent par exemple, les engrais organiques, l’usage de purin de plantes aux nombreuses vertus fertilisantes, répulsives, insecticides, fongicides, la lutte biologique intégrée et l’émergence de la permaculture. C’est dans cet état d’esprit que nos jardiniers experts se sont intéressés plus particulièrement aux nichoirs à insectes. Leur objectif est de favoriser la biodiversité en attirant, et en maintenant présents les insectes utiles au jardin.
Comment favoriser l’installation des insectes auxiliaires ?
Il faut recréer un environnement de vie adéquat à chaque espèces. Il existe des nichoirs à insectes dans le commerce qui remplissent parfaitement cette fonction. Les principes de bases des nichoirs à insectes sont d’offrir le gîte et le couvert appropriés à chaque espèce.
On peut distinguer 2 sortes d’auxiliaires utiles au jardin pour lesquels nous verrons quels genres d’environnements il faut recréer :
Les insectes pollinisateurs du jardin
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Les osmies, des insectes pollinisateurs :
Les Osmies, ces petites abeilles solitaires ne fondent pas de colonies mais utilisent une ou plusieurs galeries qu’elles aménagent pour y déposer leurs œufs et y laisser une réserve de nourriture (pollen, nectar) dont se nourriront les larves durant tout l’été avant de se transformer en lymphes. Elles sont inoffensives et jouent un rôle majeur dans la pollinisation.
Nichoir à Osmies :
Le nichoir est très facile à fabriquer : rassembler un petit fagot de tiges à moelle tendre comme le sureau, la ronce, le framboisier, buddléia… ou même creuses telles que le bambou, obstruées d’un côté, d’une longueur de 15 à 20 centimètres et de diamètres différents (2 à 15 mm). Pour protéger cette construction et lui assurer une bonne longévité, il possible de l’insérer dans un tube de PVC. Suspendez ensuite ces petits fagots dans des endroits exposés au soleil du matin, calmes, à l’abri des vents dominants et à proximité de parterre de fleurs. Vous remarquerez rapidement que certaines tiges sont obstruées, signe de la présence des insectes. Cela fonctionne aussi pour les abeilles, les guêpes et les syrphes.
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L’abeille, pollinisatrice par excellence !
Cette extraordinaire polinisatrice, assure à elle-même dans les régions tempérées jusqu’à 80% de la pollinisation des plantes à fleurs.
Comment les aider à attendre les floraisons abondantes ?
Donnez-lui un coup de pouce en installant des vivaces et arbustes à floraison précoce comme le chèvrefeuille d’hiver, les bruyères encore le cornouiller.. Mettez la même installation que pour les Osmies dans le jardin.
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Le bourdon terrestre, un allier pour la production potagère
Alors que les abeilles sortent au printemps à reculons, la femelle bourdon s’active dès la fin février pour nourrir sa colonie qui atteindra 400 spécimens au printemps. Elle part à la recherche de pissenlit, pulmonaire, prunellier.
Comment les attirer ?
Naturellement, le bourdon va chercher à s’installer dans un trou dans le sol, ancien terrier de mulot par exemple. Pour reproduire cet environnement vous pouvez enfouir à l’envers un pot de fleurs dont de fond doit être au niveau du sol. Pour le rendre plus attractif, déposez au fond de la litière provenant de la cage d’un rongeur (hamster, souris…). Au printemps, le bourdon se délectera des fleurs de framboisier, fraises, tomates, aubergine et de toutes les fleurs du jardin.
Les prédateurs naturels
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Les coccinelles, le prédateur le plus connu
C’est probablement l’insecte à la meilleure réputation. En effet, une coccinelle peut à elle seule et en une journée dévorer plus de 100 pucerons et autres suceurs de sèves. Elles sont connues et utilisées depuis longtemps en lutte biologique intégrée.
Nichoir à Coccinelles :
Le refuge des coccinelles est constitué d’un empilement de fine plaque de bois légèrement espacées. Pour cela on peut percer un trou au centre de chaque plaque et y insérer une tige filetée en alternant planche de bois, boulon, planche de bois…. Ou plus simplement des graviers. Ce refuge sera ensuite encastré dans un tas de pierre ou de bois mais toujours orienté sud, sud-est.
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Les perce-oreilles, auxiliaires contre les pucerons et les psylles
Les forficules ou perce-oreilles sont également des grands consommateurs de pucerons mais aussi de psylles. Ces insectes vivent la nuit et s’abritent durant la journée. Néanmoins, les perces oreilles raffolent des fruits bien mûrs, ils ne sont donc pas les bienvenus aux côtés des pêchers, des abricotiers ou des pruniers.
Nichoir à perce-oreilles :
Ils trouveront un bon refuge dans un pot de terre cuite, rempli de paille ou de foin maintenu en place par un bout de bois et suspendu à l’envers sur une branche en prenant soin que le pot soit en contact avec la branche. Pour assurer une meilleure étanchéité et/ou isolation, il est possible de placer le pot en terre cuite dans un pot en plastique légèrement plus grand.
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Les chrysopes, véritables auxiliaires prédateurs du jardin
Les chrysopes grâce à leurs mandibules, les larves des chrysopes dévorent de nombreux nuisibles comme les pucerons, les cochenilles, les aleurodes, les doryphores… Les adultes ont besoin d’un abri pour survivre à l’hiver.
Nichoir à chrysopes :
Celui-ci sera constitué d’un cageot rempli de paille, de débris végétaux ou même de papier journal froissé. Quel que soit le matériau employé, il faut qu’il soit bien tassé. Placez-le dans un hôtel à insectes, ou plus simplement dans une boite en bois, percée de quelques trous d’entrée et munie d’un toit étanche. L’essentiel est de protéger les adultes de l’humidité, du froid et du vent.
Les carabes, prédateurs des gastéropodes
Les larves comme les adultes se nourrissent de limaces, d’escargots, mais aussi de pucerons, de larves de taupin, de vers ou encore de chenilles.
Nichoir à carabes :
Pour eux rien de tel qu’un pot de fleur en terre cuite posé face contre le sol rempli de fagots constitués de branchages et/ou de brindilles.
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Les hyménoptères, ces minuscules prédateurs
La famille des hyménoptères compte de très nombreux petites insectes aussi appelés micro-hyménoptères. Ils s’attaquent à différents stades des insectes ravageurs. Difficile à observés à cause de leurs très petites tailles, certains, sont reconnus en lutte biologique intégrée.
Nichoirs à hyménoptères
Dans une planche en bois récupérée, une bûche ou une grosse branche sèche, d’une profondeur de 10 à 15 cm, percez des trous de différentes profondeurs (sans pour autant traverser le support) et de différents diamètres allant de 3 mm à 1 cm. Il est fortement recommandé de choisir un bois dur, bien sec et surtout non traité. De plus, le trou doit être percé avec une bonne mèche pour présenter un minimum d’aspérités, sinon l’hyménoptère pourrait renoncer à s’installer. Fixez ensuite ce nichoir sur un poteau ou contre un mur exposé au Sud ou au Sud-est.
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Les guêpes, de bonnes auxiliaires au jardin
Et oui, Même les guêpes sont de bonnes auxiliaires du jardin ! Elles se nourries de pucerons, mouches et chenilles.
Comment les attirer ?
Pour les attirer, semez du fenouil.
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Les pemphrédons, redoutables mangeurs de pucerons
Petit moucheron noir qui s’active en remuant des antennes sur la tige de fève est en fait un pemphrédon..Gros consommateurs de pucerons, ils sont d’une aide précieuse pour les jardiniers éco-responsables
Nichoir à pemphrédons
Ils vont se plaire dans une haie libre champêtre ou du bois mort. Fixez des bottes de tiges à moelle sur des piquets proche du potager si vous avez un grand jardin. Titre 4 L’aphidius, petit mais costaud ! De la famille des hyménoptères, la femelle pond ses œufs dans le corps des pucerons et c’est la larve qui se nourrit de l’intérieur du puceron. D’autres espèces de micro-hyménoptères parasitent les chenilles de piérides du chou, les noctuelles, les pyrales du maïs, les chenilles mineuses des feuilles ou encore les aleurodes…
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L’aphidius, petit mais costaud !
De la famille des hyménoptères, la femelle pond ses œufs dans le corps des pucerons et c’est la larve qui se nourrit de l’intérieur du puceron. D’autres espèces de micro-hyménoptères parasitent les chenilles de piérides du chou, les noctuelles, les pyrales du maïs, les chenilles mineuses des feuilles ou encore les aleurodes.
Comment les attirer ?
Pour favoriser leur installation, laissez un maximum de pucerons et de chenilles sur les plantes qui ne craignent rien, et laissez des plantes sauvages comme le lotier ou l’achillée ..
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Le syrphe, leurs larves carnassières et boulimiques
Le syrphe est une mouche butineuse et pollinisatrice dont les larves sont de véritables carnassiers qui se nourrissent du printemps à l’automne de millions de pucerons qu’auront délaisser les coccinelles.
Comment les attirer ?
Les adultes hivernent cachées sous des paillis et des plantes basses qui couvrent le sol. Agrémentez votre jardin de fleurs toute l’année. Paillez la terre et laissez le plus de débris végétaux possible.
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Le staphylin odorant, redoutable carnassier nocturne
Il apprécie les limaces, escargots.. et leurs œufs, autant de moins dans le jardin.
Comment les attirer ?
Préparez-lui des abris permanents dans le jardin comme des souches mortes, un pot retourné avec des branchages légers et couvrir la terre de paillis.
Les hôtels ou nichoirs à insectes
Il est possible de regrouper toutes ces installations en une seule, formant ainsi un « hôtel à insectes ». De nombreux modèles, allant du simple au plus sophistiqué, sont aussi de plus en plus vendus dans certaines jardineries ou sur internet, et nos jardiniers partout en France pourront vous installer ces refuges à insectes tout en vous faisant bénéficier de réduction d’impôts.
L’essentiel à retenir, et qu’il faut assurer une bonne protection contre les intempéries (pluies, vents, chaleurs, froid, gel…). Pour cette raison, il est fortement conseillé de les exposer au sud, sud-est pour bénéficier des rayons de soleil du matin, à l’abri des vents dominants et d’assurer une bonne étanchéité du toit.
Outre le gîte, le couvert doit lui aussi être fourni : favoriser la biodiversité, augmenter le seuil de tolérance face aux mauvaises herbes et certains nuisibles, et surtout bannir tout usage d’insecticide. Vous pourrez ainsi rapidement observer de nombreux insectes, ce qui aura aussi un rôle pédagogique, en sensibilisant les plus jeunes à cette fantastique biodiversité.